La crise du Covid-19 n’a fait que ralentir davantage l’économie tunisienne qui a déjà du mal à décoller depuis la révolution. Selon le dernier rapport du conseil d’administration de la Banque centrale de Tunisie, la croissance économique a baissé, au cours du troisième trimestre 2020, de 6% en glissement annuel. L’économie tunisienne a, ainsi, enregistré une contraction, sans précédent, de 10%, en prix courants, durant les neuf premiers mois de 2020, contre une croissance de 1,1% à la même période en 2019.
Durant les onze mois de l’année 2020, les exportations ont enregistré une baisse de 13,4% contre une hausse de 8,8% durant les onze mois de l’année passée. Ils ont atteint le niveau de 34.950,4 MD contre 40.380 MD durant la même période une année auparavant.
Exportations et importations
Ce repli concerne plusieurs secteurs comme les textiles, habillement et cuirs qui se sont contractés de 15,4%, celui des industries mécaniques et électriques de -16,4%, celui de l’énergie de -13,9% et celui des mines, phosphates et dérivés de -22,5%. Seuls les secteurs de l’agriculture et des industries agro-alimentaires ont enregistré une hausse de +14,3% grâce à la hausse des ventes d’huile d’olive.
Les exportations tunisiennes vers l’Union européenne se sont contractées de 13,5%. Cette baisse s’explique par une diminution des exportations vers certains marchés comme la France (- 22,8%), l’Allemagne (-17,8%) et l’Italie (- 10,4%). En revanche, les ventes tunisiennes vers d’autres pays comme l’Espagne et la Belgique se sont accrues respectivement de 39% et 3,2%. Avec les pays arabes, les exportations ont diminué avec l’Algérie de 28,9%, la Libye – 18,8% et l’Egypte -13,1%. Sous le régime offshore, les exportations ont enregistré une baisse de 16,3%.
Les exportations du secteur industriel sont passées 36.466,5 MD durant les onze mois de l’année 2019 à 31.551 MD durant la même période de l’année 2020, soit une baisse de 13.5%, selon le bulletin de la conjoncture publié par l’Agence de promotion de l’industrie et de l’innovation (Apii). Le secteur industriel a importé pour 36.350,1 MD au cours des onze mois 2020 contre 44.663,8 MD durant les onze mois 2019, enregistrant une diminution de 18.6% et le solde commercial du secteur industriel s’est, ainsi, établi à -4.799,1 MD.
Selon les statistiques du Groupement interprofessionnel des fruits (Gifruits), les exportations des fruits ont enregistré une baisse de 40%, et ce, depuis le début de l’année, jusqu’au 22 décembre courant. Les principaux clients de la Tunisie sont la Libye (17,6 mille tonnes de fruits), l’Italie (6,2 mille tonnes) et la France (1,7 mille tonnes). Les principaux fruits exportés par la Tunisie sont la grenade (7,5 mille tonnes), la pêche (6,6 mille tonnes), la pastèque (6 mille tonnes), l’abricot (2 mille tonnes), la prune (1,6 mille tonnes) et le raisin (1,4 mille tonnes).
Pour ce qui est des importations, elles ont enregistré une baisse de 19,9% contre une hausse de 6,8% durant les onze mois de l’année 2019. En valeur, les importations ont atteint 46.617 MD contre 58.179,3 MD durant la même période de l’année 2019. Le déficit commercial s’est réduit de 61.32,7 MD pour s’établir à un niveau de -11.666,6 MD contre -17.799,3 MD durant les onze mois de l’année 2019. Le taux de couverture a gagné 5,6 points par rapport à la même période de l’année 2019. Cette baisse résulte essentiellement de la baisse enregistrée au niveau des importations des biens d’équipement de (-25,2%), des matières premières et demi produits de (-16,7%), des biens de consommation de (-15,7%) et de l’énergie (- 35,3%) sous l’effet de la diminution des achats des produits raffinés et de gaz naturel. Les importations tunisiennes en provenance de l’Union européenne ont enregistré une baisse de 23,2% pour s’établir à 23.106,1 MD. Les importations ont diminué de (-28,3%) avec la France, de (- 26,7%) avec l’Italie et de (-20%) avec l’Allemagne. Sous le régime offshore, les importations ont enregistré une baisse de 20,2%.
Déficit commercial
Le déficit commercial s’est réduit de 6,1 milliards de dinars, pour s’établir à 11,6 milliards de dinars, durant les onze premiers mois de l’année 2020, selon l’Institut national de la statistique (INS). Le taux de couverture a gagné, quant à lui, 5,6 points par rapport à la même période de 2019, pour s’établir à 75% à fin novembre 2020 contre 69,4% (en 2019). Il demeure expliqué en grande partie par le déficit enregistré avec certains pays, tels que la Chine (-4938,9 MD), la Turquie (-1916,2 MD), l’Algérie (-1666,7 MD), l’Italie (-728 MD) et la Russie (-840,8 MD). En revanche, le solde de la balance commerciale des biens a enregistré un excédent avec d’autres pays principalement avec la France (3.224,6 MD), l’Allemagne (1.134,1 MD) et la Libye (981,7 MD). Selon la même source, les résultats montrent que le déficit de la balance commerciale, hors énergie, se réduit à -7.633,8 MD et que le déficit de la balance énergétique s’établit à -4.032,8 MD (34,6% du déficit total) contre -6.998,7 MD durant la même période en 2019.
Les recettes touristiques et avoirs en devises
Les recettes touristiques cumulées ont baissé de 64%, à 1,9 milliard de dinars, depuis le début de l’année jusqu’au 20 décembre, selon les indicateurs financiers publiés, le 24 décembre, par la Banque centrale de Tunisie. Les avoirs nets en devises de la BCT se sont élevés à plus de 22,8 milliards de dinars, ce qui correspondant à 159 jours d’importation, à la date du 23 décembre 2020, soit le plus haut niveau atteint depuis le mois de mai 2010. Par rapport à la même période de 2019, les réserves sont en hausse de 3,9 milliards de dinars en valeur (ce qui correspond à 52 jours d’importation supplémentaires).
Cette hausse est expliquée par une baisse de la valeur des services de la dette extérieure cumulés, au niveau de 7,6 milliards de dinars (contre 8,9 milliards de dinars en décembre 2019) et une hausse des revenus du travail cumulés, passant de 5 milliards de dinars en 2019 à 5,5 milliards de dinars actuellement. Cette augmentation des réserves en devises a été favorisée par le rétablissement de la balance commerciale à 11,6 milliards de dinars, à fin novembre 2020 (baisse de 6,1 milliards de dinars, par rapport à novembre 2019), due essentiellement à une régression significative des importations (-19,9%, à 46,6 milliards de dinars, en comparaison avec novembre 2019).
La même source fait état de la régression du volume global de refinancement de 23%, à 8,7 milliards de dinars, à la date du 23 décembre. Pour ce qui est du total des transactions interbancaires, il a augmenté de 22%, pour atteindre 1,5 milliard de dinars. Le taux du marché monétaire, de son côté, s’est établi à 6,11%, contre 7,81% en décembre 2019.
Investissements déclarés dans le secteur industriel
Durant les onze mois de 2020, l’investissement déclaré dans le secteur industriel a atteint le montant de 2.712,6MD, contre 2.642,7 MD lors des onze mois 2019, enregistrant ainsi une augmentation de 2.6%. Le nombre de projets déclarés a atteint 3.102 au cours des onze mois 2020 contre 3.512 lors des onze mois 2019, soit une baisse de 11.7%. Ces projets permettront la création de 47.041 postes d’emplois, contre 48.237 postes d’emplois durant les onze mois 2019, soit une baisse de 2.5%.
Par secteur, les investissements déclarés dans le secteur des industries mécaniques et électriques ont affiché une augmentation de 22.4% avec des investissements déclarés de 940.3 MD pendant les onze mois de l’année 2020 contre 768.4 MD durant la même période de l’année 2019. Idem pour le secteur des industries du textile et de l’habillement dont les investissements ont augmenté de 4.4% avec 139.4 MD durant les onze mois 2020 contre 133.5 MD au cours de la même période de 2019. Ont aussi augmenté les investissements déclarés dans le secteur des industries du cuir et de la chaussure, passant de 13.8 MD à 23.7 MD pendant les onze mois de l’année 2020. Les investissements déclarés dans le secteur des industries diverses ont aussi connu une augmentation de 37.2%. En revanche, les investissements déclarés dans le secteur des industries des matériaux de construction, de la céramique et du verre ont baissé de 13.1%, des industries chimiques -44.0% et les industries agroalimentaires ont baissé de 4.6%.
Les onze mois de l’année 2020 ont été caractérisés par une baisse de 8.4% au niveau de l’investissement déclaré dans les zones de développement régional avec 1.319,3 MD contre 1.440,7 MD durant les onze mois de l’année 2019. La part de ces zones dans l’ensemble des gouvernorats est passée de 54.8% à 48.6% pendant les onze mois de l’année 2020.
Investissements agricoles privés
Les investissements agricoles approuvés poursuivent leur baisse, chutant de 18% entre les onze premiers mois de 2020 et de 2019, à 418,7 millions de dinars (MDT), selon les résultats de l’investissement agricole privé publiés par l’Apia. Selon la même source, le nombre des opérations d’investissement a diminué de 13,9%, à 2 834.Ainsi, les investissements approuvés ont permis la création de 3.269 emplois permanents, dont 103 diplômés de l’enseignement supérieur. Ces investissements approuvés au cours des 11 mois 2020 sont répartis principalement entre l’agriculture (307,2 MDT, soit une baisse de 16,4%) et les services agricoles (43,9 MDT, soit un repli de 19,7%).
Investissements déclarés dans les services
Durant les onze mois 2020, l’investissement déclaré dans les activités de service a atteint le montant de 1003.1 MD contre 792.5 MD lors des onze mois 2019, enregistrant ainsi une augmentation de 26.6%. Le nombre de projets déclarés a atteint 9472 au cours des onze mois 2020 contre 10995 lors des onze mois 2019, soit une baisse de 13.9%. Ces projets permettront la création de 30.386 postes d’emplois, contre 33.018 postes d’emplois durant les onze mois 2019, soit une diminution de 8.0%.